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| Amitiés Etroites - Bastien Vivès © Vivès - Ed Casterman - 2009 |
Bastien Vivès, vous raconte l'histoire de Francesca et Bruno. Une histoire d'amitié ou d'amour ? Il vous faudra les suivre pour avoir la réponse... ou pas !
Il est des relations, entre un homme et une femme, plus fortes que n'importe quel amour. Il est des êtres singuliers qui marquent la vie, sans pour autant pouvoir être rangés dans une case ou une autre. Ces relations ambigües, mais indéfectibles, se mettent généralement en place dès le premier regard. Toujours en quête l'un de l'autre, dans d'interminables fiançailles, ces "couples terribles", dans la lucidité silencieuse d'une impossible fusion, se placent toujours sous l'égide d'une "amitié étroite" qui fait le fil tendu de leur relation.
"Amitié étroite" de Bastien Vivès, ou l'élégance de l'élipse poétique
C'est avec délicatesse, que le jeune Bastien Vivès explore ce thème d'une fragilité absolue. "Amitié étroite", paru aux Editions Casterman dans la collection KSTR fin 2009, ne
dément pas sa bibliographie prometteuse.
Dans une recherche continuelle d'effets graphiques et narratifs (il assure comme à son habitude scénario et dessin), Bastien Vivès, propose après le brillant "Goût du chlore" et l'intimiste "Dans mes yeux", un nouveau voyage où le lecteur trouvera dans l'élipse, plus d'art encore, que dans la case.
Peintre de l'intime, ce jeune auteur, fait ici, la preuve que son champ d'exploration est avant tout dans ce qui ne peut être montré ou dit. Et il démontre ainsi que la BD n'est, justement pas, l'art du visible.
Graphisme et couleur : l'art du dépouillement
Son dernier album, qui se présente sous la forme d'un one shot de 130 pages, n'innove pas tant, cette fois, dans sa recherche graphique (ici numérique pour le trait et la couleur), que par la maturité dépouillée de son traitement. Même si l'on peut remarquer l'utilisation poétique des passages floutés qui évoquent, avec pudeur et un certain mystère, les années lycée des deux personnages centraux (Francesca et Bruno). Le graphisme ici est réduit à sa plus simple expression, et loin d'éblouir le lecteur par son trait, il accompagne la nonchalance du mouvement et du temps qui passe.
La tension et l'urgence insécure, qui relient les deux héros, imprègnent dessins et couleurs. Digne des plus belles heures du cinéma de la nouvelle vague ou de la littérature surréaliste, cette "Amitié étroite" fait la part belle à la respiration de l'image et au minimalisme des mots.
L'histoire : une urgence qui prend son temps
L'histoire est simple : Francesca (la volubile) et Bruno (le taciturne) ont la vingtaine, ils sont tous deux encore étudiants quelque part dans une ville de province et sont "amis". Le reste de l'histoire semble sans importance une fois le livre refermé. La copine auto-centrée qui tente un casting pour faire partie d'un show de "télé-réalité", les soirées en boîte, les rencontres d'une nuit, les films visionnés dans la solitude d'un appartement d'étudiant... ne font que remplir un décor au réalisme froid et sans ostentation.
L'histoire commence réellement quand Bruno, le solitaire, rencontre Julia. Les évocations du passé alors se précisent, se font plus ténues, et l'urgence bouscule Francesca et Bruno dans la peur de perdre, non pas l'autre, mais cette relation mouvante devenue essentielle à chacun.
Une fusion adolescente ?
D'aucun voit là, la peur des personnages de grandir, la langueur d'une adolescence qui s'étire. Mais cela est démenti par les dernières pages et le dialogue en fin du livre. Ne vous fiez pas à la jeunesse des personnages, cette histoire aurait très bien pu être celle de deux trentenaires hésitants ou de deux quadra en pleine tourmente du "milieu de vie".
La jeunesse des personnages, elle-même, n'est qu'un décor. Elle permet à l'auteur la simplification des éléments tiers qui auraient pu faire perdre de vue le thème central : la fusion polymorphe de deux êtres qui ne veulent pas choisir pour rester chacun riche et libre de l'autre.
L'amitié étroite : une intimité à ne pas déranger...
Au final, "Amitié étroite" est une bande dessinée pleine de délicatesses et de non-dits, qui ouvre aux lecteurs une fenêtre sur ces colorations particulières qui teintent parfois certaines relations entre un homme et une femme.
Ce livre intimiste évoque ainsi brillamment la légende de ces "amours éternels", seuls capables de survivre au temps et aux êtres eux-mêmes, car absouts de la licence trompeuses des mots et des convenances sociales. Et peu importe les actes manqués, peu importe cette porte qu'on ne poussera pas, et tant pis pour celle qu'on aura entre-baillée un soir de brume : l'important n'est-il pas de savoir que cette porte existe, solide et sûr, comme un "éternel possible" entre deux solitudes ?
NB : Certains passages font de ce livre une lecture à réserver à un public adulte.
Amitiés Etroites - Bastien Vivès - Editions Casteman - oct 2009 - prix : 16 euros
"Amitié étroite" de Bastien Vivès, ou l'élégance de l'élipse poétique
C'est avec délicatesse, que le jeune Bastien Vivès explore ce thème d'une fragilité absolue. "Amitié étroite", paru aux Editions Casterman dans la collection KSTR fin 2009, ne
dément pas sa bibliographie prometteuse.
Dans une recherche continuelle d'effets graphiques et narratifs (il assure comme à son habitude scénario et dessin), Bastien Vivès, propose après le brillant "Goût du chlore" et l'intimiste "Dans mes yeux", un nouveau voyage où le lecteur trouvera dans l'élipse, plus d'art encore, que dans la case.
Peintre de l'intime, ce jeune auteur, fait ici, la preuve que son champ d'exploration est avant tout dans ce qui ne peut être montré ou dit. Et il démontre ainsi que la BD n'est, justement pas, l'art du visible.
Graphisme et couleur : l'art du dépouillement
Son dernier album, qui se présente sous la forme d'un one shot de 130 pages, n'innove pas tant, cette fois, dans sa recherche graphique (ici numérique pour le trait et la couleur), que par la maturité dépouillée de son traitement. Même si l'on peut remarquer l'utilisation poétique des passages floutés qui évoquent, avec pudeur et un certain mystère, les années lycée des deux personnages centraux (Francesca et Bruno). Le graphisme ici est réduit à sa plus simple expression, et loin d'éblouir le lecteur par son trait, il accompagne la nonchalance du mouvement et du temps qui passe.
La tension et l'urgence insécure, qui relient les deux héros, imprègnent dessins et couleurs. Digne des plus belles heures du cinéma de la nouvelle vague ou de la littérature surréaliste, cette "Amitié étroite" fait la part belle à la respiration de l'image et au minimalisme des mots.
L'histoire : une urgence qui prend son temps
L'histoire est simple : Francesca (la volubile) et Bruno (le taciturne) ont la vingtaine, ils sont tous deux encore étudiants quelque part dans une ville de province et sont "amis". Le reste de l'histoire semble sans importance une fois le livre refermé. La copine auto-centrée qui tente un casting pour faire partie d'un show de "télé-réalité", les soirées en boîte, les rencontres d'une nuit, les films visionnés dans la solitude d'un appartement d'étudiant... ne font que remplir un décor au réalisme froid et sans ostentation.
L'histoire commence réellement quand Bruno, le solitaire, rencontre Julia. Les évocations du passé alors se précisent, se font plus ténues, et l'urgence bouscule Francesca et Bruno dans la peur de perdre, non pas l'autre, mais cette relation mouvante devenue essentielle à chacun.
Une fusion adolescente ?
D'aucun voit là, la peur des personnages de grandir, la langueur d'une adolescence qui s'étire. Mais cela est démenti par les dernières pages et le dialogue en fin du livre. Ne vous fiez pas à la jeunesse des personnages, cette histoire aurait très bien pu être celle de deux trentenaires hésitants ou de deux quadra en pleine tourmente du "milieu de vie".
La jeunesse des personnages, elle-même, n'est qu'un décor. Elle permet à l'auteur la simplification des éléments tiers qui auraient pu faire perdre de vue le thème central : la fusion polymorphe de deux êtres qui ne veulent pas choisir pour rester chacun riche et libre de l'autre.
L'amitié étroite : une intimité à ne pas déranger...
Au final, "Amitié étroite" est une bande dessinée pleine de délicatesses et de non-dits, qui ouvre aux lecteurs une fenêtre sur ces colorations particulières qui teintent parfois certaines relations entre un homme et une femme.
Ce livre intimiste évoque ainsi brillamment la légende de ces "amours éternels", seuls capables de survivre au temps et aux êtres eux-mêmes, car absouts de la licence trompeuses des mots et des convenances sociales. Et peu importe les actes manqués, peu importe cette porte qu'on ne poussera pas, et tant pis pour celle qu'on aura entre-baillée un soir de brume : l'important n'est-il pas de savoir que cette porte existe, solide et sûr, comme un "éternel possible" entre deux solitudes ?
NB : Certains passages font de ce livre une lecture à réserver à un public adulte.
Amitiés Etroites - Bastien Vivès - Editions Casteman - oct 2009 - prix : 16 euros
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