vendredi 10 août 2012

Olivier G.Boiscommun, et cinq mesures de talent...

Couleur, lumière, cadrage, rythme et enchaînements, la Cité de l'Arche, dispose d'un traitement quasi-cinématographique. Bientôt de la case à l'écran ?


La Cité de l'Arche T1 - La ville lumière
© Drugstore - Boiscommun 2010 
Entretien avec l'auteur (scénariste, illustrateur et coloriste) de bande dessinée : Olivier G.Boiscommun

BD : Ce 1er tome présente l’échiquier de cette Cité et l’action démarre rapidement. Mais les dernières pages laissent entendre qu’un des thèmes, qui prend forme sous le visage d’Anathael et d’Orée, aura son importance pour la suite : l’amour. N'est-ce pas le parfait opposé du "pouvoir" et du "contrôle" ?

L'amour est l'exact opposé du pouvoir. Le pouvoir c'est imposer sa supériorité sur autrui, créer des réseaux d'influences, des alliances, des relations fondées uniquement sur le besoin et ce qu'elles ont à apporter. Alors que l'amour est un sentiment altruiste où le bien-être de l'autre est la base de son propre épanouissement. C'est également donner sans calcul ni retenue. L'amour et le pouvoir s'opposent et

l'un est le seul rempart à l'autre.

BD : La lumière jaune qui emplit toutes les planches est un vrai pari, elle peut enchanter ou rebuter. Pourquoi et comment avez vous choisi votre palette de couleurs pour arriver à ce résultat lumineux et oppressant très équilibré ?

J'ai souhaité avoir des couleurs très différentes pour traiter les deux mondes présents dans ce premier tome. La Ville Lumière, se devait d'être grise pour retrouver les couleurs urbaines que l'ont connait et qui rappelle la pollution et le béton. Elle accentue également le coté oppressant qui est imposé par les hauts murs qui entourent la ville et le régime en place. De ce gris ambiant, se détache parfois des touches colorées comme les vêtements des personnages principaux qui se détachent ainsi du reste de la foule et la végétation qu'Anathaël préserve en dépit des coups qu'il reçoit.

Je souhaitais pour le traitement de la Ville Tombe apporter une couleur vive qui tranche avec la torpeur qui se dégage de la Ville Lumière. Quelque chose de très lumineux proche du feu et du tempérament des infidèles qui l'habitent. Mais je vais tenter d'atténuer un peu cette intensité pour les tomes suivants, car cela c'est révélé à l'impression un peu trop... éclatant.

BD : A la lecture de ce tome je n’ai pu m’empêcher de penser à "1986" d’Orwell, "La Cité des enfants Perdus" de Jeunet, "The Island"… Reconnaissez-vous des parentés entre votre cité et ces œuvres d’anticipation et de fantastique devenues aujourd’hui des classiques ?

La "Cité de l'Arche" s'inscrit très clairement dans ce genre déjà très riche et fait naturellement écho à un grand nombre de films ou d'écrits qui viennent régulièrement l'enrichir. J'espère qu'à son tour elle trouvera sa place parmi eux.

BD : On sent à ce premier tome, que cette Cité pourrait aussi bien allumer sa lumière sur les grands écrans du 7e art. Seriez vous tentez de travailler pour le cinéma à l’image de Joann Sfar, Riad Satouf, etc ? Est-ce en projet ?
"La cité de l'Arche" vient de là. Elle a été pensée comme un film. J'ai même été contraint de réécrire certaines scènes, qui avaient été imaginées en mouvement ou avec un apport de son indispensable. Lorsque j'ai envoyé le scénario à différentes maisons d'éditions, je l'ai également transmis à Europacorp la maison de production de Luc Besson .

Si cette histoire devait prendre vie sur un écran de cinéma, ce serait en quelque sorte un retour aux sources et rien ne pourrait me faire plus plaisir.

La manière dont j'aborde la mise en scène dans mes albums à toujours été très cinématographique et la réalisation m'a toujours beaucoup attiré. L'idée de découvrir ce nouveau support serait pour moi très excitant.

Cela fait dix huit ans que je m'amuse à voyager avec tout ce que la narration bande dessinée peut offrir comme possibilité et il est évident que l'apport du mouvement, du son, de la musique, du jeu des comédiens sont autant de nouveaux éléments, qui offrent de nouvelles possibilités, de nouvelles voies à explorer.

A quarante ans, on dit qu'une nouvelle vie commence, l'avenir me dira si le vieil adage se vérifie et si le cinéma en fera parti.

BD : J’imagine que le tome 2 est en cours et sa sortie est annoncée pour avril 2011, cela vous laisse-t-il du temps pour travailler sur d’autres titres en parallèle ? Si oui, lesquels ?

Je reçois des propositions intéressantes, mais aujourd'hui l'intégralité de mon temps et de mon énergie sont consacrés à la réalisation de "La Cité de l'Arche". La tâche n'est pas terminée et il me plait de savoir que j'ai encore du temps à passer avec mes personnages et continuer le voyage avec eux...

BD : Merci d’avoir accordé du temps à nos lecteurs. Et rendez vous prochainement pour le tome 2.

Merci à vous. Le rendez-vous est pris.

Lire tout l'entretien avec Olivier G.Boiscommun :

1ere partie :
une mesure de bande dessinée

2e partie : deux mesures d'inspiration

3e partie : trois mesures de technique

4e partie : quatre mesures d'éléments narratifs

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