mardi 22 mai 2012

Les expressions BD célèbres à l'assaut de la langue française !

Depuis plus de cent ans la BD s'invite dans le langage courant par le génie de ses auteurs. Petit tour d'horizon des expressions devenues cultes.


Onomatopée © Philippe Bringel
Editions Philya
La bande dessinée vous l'aimez, vous la lisez, vous l'appréciez au cinéma, mais consécration ultime : vous la "parlez" ! La BD dont la bonne santé n'est plus à prouver, s'offre depuis un siècle, une autre forme de consécration : enrichir les champs, toujours vivants, de la langue française. Ce glissement linguistique de la bulle au pavé est initié par les lecteurs eux-mêmes et par la créativité de ses auteurs.

Le constat se trouve vérifié au quotidien : au comptoir d'un café, dans les blagues entre amis ou dans le jargon de certaines professions. Bien souvent ces expressions banalisées par l'argot de la rue se retrouvent dans les journaux, les romans ou le cinéma. Ainsi la BD offre au vocable français de plus en plus de termes devenues des expressions populaires, savoureuses et inventives.

De Goscinny à Hergé en passant par Zep, voici une liste (non exhaustive) de quelques unes des expressions tout droit sorties des bulles de BD et de leur sens dans le langage courant :

"Astérix" de Goscinny

"Ils sont fous ses Romains !" : désigne avec un certain mépris (gentil) l'étonnement face aux us ou coutumes des habitants d'une ville, voir d'un pays, (vous pouvez à loisir remplacez "Romains" par "Parisiens" par exemple pour l'adapter à la circonstance).

"L'est pas frais mon poisson ?" : repris souvent sur le terme de l'humour ou de la provocation pour parler de la fraîcheur d'un produit, voir d'autre chose...

"Qui est gros ?" : la colère d'Obélix devient l'interrogation pour ironiser sur son propre embonpoint ou de celui d'un tiers .

"Engagez vous qu'ils disaient..." : reprise telle quelle l'expression signifie la déception que peut éprouver une personne qui voit son engagement couronné d'échec ! (peut aussi bien s'employer dans le domaine professionnel, politique ou encore marital où l'expression fait merveille)

"Iznogood" de Goscinny

Le "syndrome Iznogoud" : se dit d'une personne qui souffre d'une idée fixe et qui aspire à prendre la place d'un supérieur hiérarchique en usant de stratagèmes indignes ou par la ruse (communément utilisée dans les milieux politiques ou des affaires)

"Tintin" de Hergé

"Mille milliards de sabords !" et "Tonnerre de Brest" : ces expressions anciennes furent remises au goût du jour par le talent de l'auteur Belge, aujourd'hui encore elles expriment l'exaspération voir la colère (qui peut être parfois feinte) !

"Bachi-bouzouk" : les insultes et autres emportements lyriques du Capitaine Haddock comptent pas moins de 220 variantes très imagées et souvent farfelues. "Bachi-bouzouk" est l'une des plus célèbres, empruntée par le Capitaine à la langue turque, elle signifie "fou" ou "mentalement dérangé". Reprise dans le langage familier elle se colore d'une valeur plus humoristique et distanciée que sa traduction littérale et désigne plus une folie "douce".

"Luky Luke" de Morris

"L'homme qui tire plus vite que son ombre" : se dit d'une personne très rapide et efficace. Dans son contre sens, l'expression peut avoir une connotation péjorative. Il faut pour cela prendre en compte le contexte dans lequel elle est utilisée...

"Titeuf" de Zep

"Lâche-moi le slip !" : expression pour signaler à un gêneur son exaspération de manière très imagée. Efficacité garantie !

"Les Schtroumphs" de Peyo

"Un gargamel" : le nom du "méchant", de cette série enfantine, est devenu un nom commun pour désigner une personne bêtement cruelle.

"Un schtroumph" : désigne le plus souvent un enfant (malicieux), mais parfois et avec une certaine ironie, un personne adulte de petite taille (son utilisation s'est trouvée accrue ces dernières années !)

"Gaston Lagaffe" d'André Franquin

"Un Gaston Lagaffe" : désigne une personne maladroite au tempérament lunaire et rêveuse.

"Les pieds Nickelés" de Louis Forton

"Une bande de pieds niklés" : pour parler d'un groupe de personnes pas très dégourdies qui se mettent dans l'embarras. Parfois l'expression peut prendre le sens, plus direct, d'escrocs ou de filous de peu d'envergure et comporte alors une valeur péjorative.

"Les Bidochons" de Binet

"Un bidochon" : désigne une personne veule, naïve, ingrate physiquement et frisant l'inculture. Elle peut aussi être employée pour désigner "le français moyen" dans une terminologie socio-argotique.

"Une vie de bidochon !" : interjection signifiant la vie casanière et routinière de personnes ayant peu de gout pour le risque.

"Beccassine" de Joseph Pinchon

"Une bécassine" : dénomination commune pour désigner une jeune femme gauche, bavarde à l'esprit simple, mais dotée d'un bon coeur.
"Zig et Puce" de Alain Saint Ogan

"T'as le bonjour d'Alfred" : formule utilisée pour narguer un adversaire vaincu dans un combat ou une compétition qu'elle soit amicale, sportive ou professionnelle.

"Joe Bar team" de Bar2

"Ca passe ! " : la série humoriste qui décortique le quotidien d'une bande de motards a offert quelques expressions devenues cultes, dont le célèbre "ca passe !", gimmick repris par tout motard qui se respecte, au moment de prendre un risque (mesuré, cela s'entend.)

Expressions venues des comics américains

"Un superman" (Jerry Siegel et Joe Shuster) : désigne une personne dotée de compétences multiples et hors normes (vous pouvez à loisir remplacer Superman par Batman, Spiderman, etc). Mais selon le ton de l'interlocuteur, l'expression peut avoir un tour tout à fait ironique.

"Wonder Woman" (Charles Moulton) : désigne un type de femmes très performantes, d'ailleurs les médias utilisent souvent cette terminologie pour parler de certaines formes du néo-féminisme. Mais, dans son usage populaire, l'expression est plus souvent employée dans son contre sens, et signifie l'absence de pouvoirs magiques pour répondre à des demandes irréalistes.

Cette liste n'étant pas exhaustive, il se peut que vous rencontriez au hasard d'un échange d'autres mots échappés de leur bulle. Gageons qu'avec l'accélération des parutions, ainsi que la nervosité actuelle du marché de la BD, d'autres expressions viennent prochainement enrichir la langue française pour saluer ainsi le talent de ces artisans de l'ombre.


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