vendredi 10 août 2012

Olivier G.Boiscommun, quatre mesures d'éléments narratifs

Entrez dans la Cité et découvrez avec l'auteur les thèmes de cette magnifique BD d'anticipation. Universalités des thèmes et singularités de l'oeuvre.


Croquis préparatoire - Cité de l'Arche T1
Crédit : Olivier G.Boiscommun
Entretien avec l'auteur (scénariste, illustrateur et coloriste) de bande dessinée : Olivier G.Boiscommun

BD : Le 1er volume de "La Cité de l’Arche" expose un univers quasi carcéral et oppressant. Les personnages en lutte semblent trouver leur force dans le même élément qui sert aux oppresseurs à les asservir : le pouvoir. Est-ce que le pouvoir sur soi est, pour vous, le premier pas vers la liberté ? D’ailleurs, la liberté est-elle l’unique propos de ce livre ?

Le pouvoir est au centre de cette histoire, il est effectivement à l'origine de l'asservissement de la population par le Présideur, mais également ce qui nourrit la résistance, à travers le Grand Maitre, des infidèles qui luttent contre les forces en place. Chaque personnage est



sous l'influence de l'un de ces pouvoirs.

Le seul sur lequel il ne semble pas avoir de prise est Anathaël, qui malgré les conséquences, s'obstine à faire comme s'il avait le choix de ne pas en tenir compte. Aura-t-il la possibilité de poursuivre son chemin sans que cette lutte ne l'entraine vers une route qu'il n'aura pas choisi ? Beaucoup de monde en tous cas semble vouloir prendre le contrôle de son destin.

La plupart des gens pensent qu'ils obtiendront la paix, la sécurité, le bonheur qu'ils recherchent, en ayant le plus grand contrôle possible sur ce qui les entoure. Ils recherchent alors le pouvoir, qui apporte cette illusion du contrôle, mais il est également associé à la peur de le perdre. Cette peur qui se nourri du pouvoir et qui grandit avec lui, finit toujours par dominer celui qui le recherche pour l'asservir totalement.

Il est illusoire de penser avoir une quelconque influence sur les évènements. Aucune force n'a jamais eu de prise sur la maladie, la mort, l'amour, les sentiments ou encore la pluie, le soleil, les raz-de-marée, les tremblements de terre ou les éruptions volcaniques. Ces évènements, s'ils doivent arriver, interviendrons inévitablement.

Le seul pouvoir que l'on ai consiste à choisir la manière dont nous allons vivre les évènements auxquels on doit être confrontés et il n'y a qu'en nous que l'on peut trouver la force d'accepter et de bien vivre chaque chose. D'une certaine manière la liberté si elle existe ne peut être qu'intérieur.

BD : Ecologie, anticipation sont les deux thèmes qui reviennent souvent lorsque les médias citent votre livre. Même si cela est réducteur, et que "La Cité de l’Arche" semble une fresque jouant sur différentes colorations (fantastique, aventure, romance, SF), quelle est la meilleur manière de définir ce cycle ambitieux ?

Chaque récit a son existence propre. On pourrait presque dire qu'il est à l'image d'une vie. Il est donc constitué d'une multitude de chose. D'une naissance, d'une enfance, d'expèrience, de découverte, de désir, d'amour, d'ambition, d'aventure, de beauté, de laideur, de reussite et d'echec... "La Cité de l'Arche" est constituée d'un peu tout ce qui constitue la richesse d'une vie.

BD : Les habitants de ce Paris en quarantaine ont tous les cheveux rasés, rappelant les images des prisonniers des camps de concentration, pourquoi ce choix visuel ?

La première chose que l'on fait à un soldat, ou un prisonnier, est de lui couper les cheveux. C'est avant tout une question d'hygiène et également une manière de mettre tout le monde au même niveau. Mais l'on peut également penser que c'est un moyen d'empêcher les personnalités de s'exprimer, une tentative d'anéantir l'individualité de l'esprit et d'avoir le contrôle sur les individus. Au sein de la Ville lumière la population est asservie par les forces du Présideur il m'a semblé que c'était naturel que les hommes comme les femmes aient le crane rasé.

BD : Alors que vous signez, avec ce nouveau titre, votre 14e libre, on pourrait penser que faire de la BD est facile pour vous. Mais y a-t-ils des aspects, plus difficiles que d’autres ? Si oui, lesquels ?

Le plus difficile, c'est de donner l'impression au lecteur que c'est un exercice facile.

Je ne connais rien de plus compliqué. Il faut penser à une multitude de choses, l'histoire dans son ensemble, le rythme, les dialogues, le jeu des personnages, les expressions, les cadrages, la lumière, les couleurs,etc... Faire en sorte que tout cela donne un ensemble cohérent, varié, dense, aéré et fluide et faire tout cela, autant que faire se peut, avec élégance, énergie, habilité, créativité... et cela sur la durée.

Je ne connais rien de plus compliqué, ni rien de plus passionnant. Beaucoup de scientifiques, mathématiciens ou chefs d'entreprise y trouveraient leur compte pour occuper leur esprit.

Lire tout l'entretien avec Olivier G.Boiscommun :

1ere partie :


2e partie : deux mesures d'inspiration

3e partie : trois mesures de technique

5e partie : cinq mesures de talent

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