mardi 28 août 2012

Paradigme Cromwell : l'intensité lumineuse de l'ombre

Fin de l'entretien avec Didier Cromwell, ou comment il obtient 20 pages de plus pour son "Dernier des Mohicans". Lumière sur un auteur BD atypique...


Le Dernier des Mohicans - Cromwell et Catmalou
Crédits : Cromwell-Catmalou - Soleil
Après des semaines de recherche, des mois de peintures et des réajustements réguliers avec la scénariste Catmalou, Didier Cromwell finit par aboutir sa libre adaptation BD du "Dernier des Mohicans". Mais comment arrêter un artiste qui à pour nom d'auteur une marque d'accessoire de moto ? Investit de la gestion du graphisme, de la maquette (cadrage, pagination, typographie) tout un gardant un oeil sur le scénario, Didier Cromwell semble avoir du mal à décrocher..

3 actes et 14 chapitres plus tard…

Ce long travail de fourmi entre lecture, recherches historiques mais aussi confrontations entre l’illustrateur et la scénariste aboutit enfin. Le résultat : un


livre théâtral en trois actes et 14 chapitres qui mettent l’accent chacun sur 14 personnages clefs. Entre découpage théâtral, illustrations cinématographiques et dialogues condensés au maximum, Catmalou a su offrir une structure narrative puissante aux illustrations sombrement lumineuses de Didier Cromwell.

Le lecteur trouvera (à l’instar du roman de JF Cooper) des citations d’auteurs en guise d’introduction en tête de chaque chapitre pour s’immerger dans une Amérique de la première heure où les hommes, la nature et le temps semblent retenir leur souffle jusqu’à la dernière page.

Pour quelques pages de plus...

Mais au terme d’un long travail qui semblait approcher de sa fin (l’éditeur ayant par avance fixé la pagination à 120), Didier Cromwell avoue n’avoir pas réussi à s’arrêter. En immersion totale dans sa production, il du à regret écourter la fin de l’œuvre pour coller à la ligne éditoriale. Il tentera (en vain) de négocier quelques planches supplémentaires afin de donner un souffle plus important au dernier acte.

Mais malgré ses tentatives de retarder l’échéance de parution, afin d’intégrer une vingtaine de planches supplémentaires, il ne réussit pas à convaincre l’éditeur. C’est certainement ce qui explique l’accélération de la narration dans les derniers chapitres (sans pour autant nuire à la qualité de lecture). Mais Didier Cromwell étant obstiné (de son propre aveu), il obtient de son éditeur une ré-édition de luxe limitée de 140 pages qui est paru en décembre 2010.

3 ans de travail, 3 heures d'entretien

"Le dernier des Mohicans" aura donc nécessité près de trois années de travail à leurs auteurs, pour aboutir à un livre unique et cohérent, qui sort avec bonheur des sentiers battus de l’adaptation classique. Même si vous avez lu le livre, vu les films ou feuilleté les adaptations BD précédentes, ne vous privez pas de cette version sublime et sublimée.

Vous ne relirez pas la même histoire, vous n’y croiserez pas des personnages déjà vus : vous entrerez dans un territoire vierge, sauvage à l’écriture littéraire et visuelle puissante ! Le travail titanesque des deux auteurs aura pris 3 années, pour un résultat qui méritait bien un entretien de trois heures que nous n’aurons pas vu filer. Comme vous ne verrez pas passer le temps lorsque vous suivrez la piste indélébile laissé par le "Dernier des Mohicans"...

Didier Cromwell, l'ombre et la lumière

Opinîatre, acharné, éclectique dans son parcours artistique qui révèle comment il sait ne renoncer à rien, Didier Cromwell se sera avéré durant cette rencontre un homme entier. De sa passion adolescente pour "le Dernier des Mohicans", il réussit à faire un coup de maître qu'il dédie à son père qui rêvait pour son fils d'un avenir militaire.

Aura-t-il finalement réussit à contourner "l'ennemi" ? Certainement, et cela quel qu'il soit. Mais il a encore plus surement appris à ne pas se renier lui-même dans ses bandes dessinées, comme dans ses coulisses musicales au sein de "La bonne, la Brute et le Truand". Et son "Dernier des Mohicans", en atteste, tant l'intensité lumineuse de son art est justement le fruit de ses ombres intérieures.

L'avenir BD : No thanks !

Mais alors que nous allions nous dire au revoir, je m’aventure à lui demander si un autre projet mitonne déjà sur le feu. Et vous le croirez ou non mais il répond « No thanks »… Non pas qu’il soit irrévérencieux. C’est simplement
le nom de code d’un projet BD de 200 pages (qui patiente depuis 1998) qu’il dessinera et co-scénarisera avec Alex Nicolavitch. Que dire à part « Thanks » Didier ?

"Le paradigme Cromwell", lire le dossier complet :

1er partie :
La longueur égale à la distance parcourue


2eme partie : La masse de l'expérience

3eme partie : Le temps une constante variable

4eme partie : Le courant électrique, rien de l'arrêtera

5eme partie : La température égale au tempérament

6eme partie : La quantité de matière du rêve à la réalité

7eme partie : page actuelle

Lire la Chronique :
"Le dernier des Mohicans" de Cromwell et Catmalou (Soleil Productions - 2010)

Découvrir Didier Cromwell :

Exposition au mois de Mai à la Médiathèque de Biarritz (Peintures et Sculptures )

Exposition en Septembre-Octobre à la Médiathèque de Montrouge (Peintures et Sculptures )

L’auteur :
Sa bibliographie détaillée en ligne

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