samedi 2 juin 2012

Petite histoire de la BD, de l'antiquité à la fin du 19e siècle

La bande dessinée est aujourd'hui leader du marché de l'édition. Mais d'où vient cet art séquentiel liant si intimement figuration et narration ?



Planche de manga - Hokusai

La bande dessinée aujourd'hui populaire et légitimée par des auteurs de renom, n'en finit pas d'intriguer pour autant. Liant dans ses cases et ses bulles, figuration et narration (reconnus comme les piliers des arts majeurs), le 9e art s'amuse des règles et se rient de ses propres codes dès qu'il semble qu'une forme d'académisme la guette...

Face à ces mutations constantes, il faut, pour comprendre la bande dessinée retourner aux sources qui l'ont vu naître. N'ayant acquis ses titres de reconnaissance qu'au cours du 20e siècle, il faut voyager jusqu'à l'antiquité pour comprendre comment de l'union du mot, de l'image et de la magie narrative, l'art séquentiel à su, par delà les époques et les continents, se teinter d'universalisme et parler à toutes les civilisations.



Naissance et reconnaissance de la bande dessinée : 9e art

Voici quelques pistes disséminées à travers l'histoire et les époques, propres à expliquer pourquoi et comment la bande dessinée connait, aujourd'hui, un tel succès. Prenant son origine dans le mot et dans l'image elle sait jouer de la palette des émotions humaines universelles : la joie, la peur, le dégout, la tristesse, la surprise ou enfin la colère. Sa simplicité la prédispose tout naturellement à faire l'humble chronique de la vie humaine. Mais est ce là la raison de son succès ? Répondre à cette question est certainement impossible tant ses formes, son langage et ses fonctions son multiples.

Pour mieux l'apprécier, il s'agit donc ici de mieux connaitre (s'il est possible) la chronologie de sa naissance. Cependant les débuts de la bande dessinée restent difficiles à dater. Il semble que seule une évolution progressive de la narration figurative à travers les siècles et les progrès techniques de l’imprimerie (propres à la production de masse), semblent expliquer l’émergence d’un art qui interpelle à la fois l’œil et l’esprit.

Le terme de 9e art, apparu tardivement, est utilisé pour la première fois en 1964 par Morris, le créateur de "Lucky Luke" (de son vrai nom Maurice de Bévère), et Pierre Vankeer dans le "Journal de Spirou". Cette formule, parfois encore contestée, est aujourd'hui habituellement admise pour désigner la bande dessinée. Mais quel est le chemin parcouru au fil des siècles jusqu'à cette date où elle décroche l'insigne honneur de cette appellation ?

Par delà la vallée du nil : Les bas reliefs égyptiens

En remontant l'évolution de la représentation figurative, l'histoire nous apprend que toutes les grandes civilisations, dès l'antiquité, ont très tôt usé de productions picturales. La plupart avaient simplement valeur de représentation culturelle, ou encore, de manière plus symbolique, ritualisaient leurs croyances spirituelles ou mystiques. Mais certaines d'entre elles, par leurs présentations et leurs formes, se rapprochaient déjà de la narration figurative, qui est comme on le sait, une des caractéristiques essentielles dont s’est emparé la BD.

Parmi ces représentations on peut citer les bas reliefs antiques d'Égypte qui ornaient les murs des tombeaux des Pharaons et des puissants. Ces bas reliefs, mêlant cartouches, textes et dessins, retraçaient la vie du défunt. Leur "lecture" ne pouvait se faire qu’en tenant compte du dessin et du texte dans un découpage séquentiel, proche de la définition actuelle de la BD.

L'Europe médiévale : de la tapisserie de Bayeux à l'imagerie d'Epinal

Au moyen âge, des réalisations telles que la célèbre "Tapisserie de Bayeux", se font les supports de récits, qui se lisent véritablement comme une bande dessinée. Ces oeuvres surprenantes enchainent de gauche à droite et de manière linéaire, des scénettes proche du "strip" de bande dessinée. Mettant en scène des faits de chevalerie ou de guerres, elles ont une fonction picturale, mais aussi narrative.

Peu après la naissance des techniques d’imprimerie on voit apparaître, à partir de 1796, des estampes fabriquées par l’Imagerie d’Epinale (fondée par Jean-Charles Pellerin dans les Vosges). Elles reprennent des contes et des chansons populaires sous forme de planches comportant plusieurs illustrations colorées accompagnées de textes satyriques ou simplement distrayants.

18e siècle : l'avènement du dessin de presse, balbutiements de la BD

A la même époque le dessin de presse apparaît pour présenter dans une vignette unique, généralement encadrée, des personnages caricaturaux et récurrents mis en scène de façon soit naïve soit satyrique. Les textes situés à l’origine en dessous de l’illustration, apparaissent très vite à l’intérieur de phylactères (ou bulles) pour designer le personnage qui s’exprime (voir l’illustration « John Bull » de James Gillray).

On reconnait clairement ce qui composera plus tard les ingrédients de la bande dessinée. Le succès de ces dessins de presse est immédiat et les patrons de grands groupes de presse (notamment aux Etats unis) deviendront très vite les principaux éditeurs de la production de masse de BD populaires.

Les premières BD identifiables ?

Les premières œuvres connues qui se rapprochent le plus de la définition actuelle de la bande dessinée :
  • les planches de Manga du peintre Hokusai au Japon (illustration ci dessus) et publiées en recueil dès 1814,
  • "L’ Histoire de M.Jabot" du suisse Rodolphe Töpffer qui rassemble dans ce premier livre toutes les caractéristiques de "l’album" de bande dessinée dès 1833.

Lire la suite ici : Petite Histoire de la BD, du 19e siècle à nos jours

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