lundi 2 juillet 2012

Un Monde de Bulles: actu et nouveautés de l'émission 100% BD (2/2)

Au jeu des questions-réponses, Jean Philippe Lefèvre, présentateur d'un Monde de Bulles, dévoile les dessous de l'émission et les nouveautés à venir...


Un monde de Bulles - Jean Philippe Lefèvre
Thierry Sauvage pour Public Sénat ©
Lire le début de l'entretien avec J.Ph Lefèvre

Depuis le début « Un Monde de Bulles » est passé de 15 minutes à 30 mn, enrichi d’émissions spéciales de 45 mn. Le format est-il suffisant pour couvrir la réalité d’un « marché » foisonnant ?


J.Ph L : Nous pourrions faire une émission par jour, mais l’émission que je réalise est une émission avec un montage très poussé, unique en France. Les monteurs qui travaillent à mes côtés font parti des meilleurs, ils livrent chaque semaine de très belles prestations. Alors je préfère une émission riche dans son contenu une fois par semaine, plutôt qu’une émission par jour beaucoup plus

légère. Mais de toute façon la situation ne se présente pas. Pour en revenir au marché, je pense qu’on peut garder chaque année 15% de la production comme de très bonnes bande-dessinées, un peu près 600 œuvres… C’est exceptionnel.

Peut-on s’attendre à de prochaines évolutions sur le format, le budget, des horaires de diffusion plus « prime time » comme on dit sur les chaînes hertziennes ?

J.Ph L : Le prime time n’existe pas sur les chaînes de la TNT, les tranches 21H00-1H00 du matin sont les meilleurs et je suis dedans donc tant mieux. Pour la septième saison qui arrive on va essayer de surprendre, je vais
continuer le mélange léger sérieux, le mélange grand public et plus intime, l’important c’est de prendre et de donner du plaisir.

L'émission couvre déjà avec un zeste d’énergie beaucoup d’aspects des univers graphiques. Quelles rubriques pourraient venir l'enrichir prochainement ? Des idées en préparation pour la rentrée ?

J.Ph L : Je pense à une rubrique mensuelle consacrée aux films adaptés de bd et aux comics, ça devrait se faire rapidement. Peut-être aussi une météo des festivals pour annoncer les grands rendez-vous de la bd.

La BD, pourtant populaire auprès des lecteurs, manque-t-elle d’une certaine vulgarisation pour être mieux comprise et respectée par les professionnels de l’édition et des médias ?

J.Ph L : Les médias en parlent de plus en plus, j’ai sans doute participé à cette démocratisation intellectuelle de la bande-dessinée dans des milieux qui la rejetaient. Quand je fais des émissions sur les femmes battues, les homosexuels ou les génocides dans le monde, je touche aussi ceux qui ne lisaient pas de BD et qui se disent que cet art n’est pas uniquement fait pour des ados boutonneux. Il y a aussi de nombreuses ventes aux enchères, des auteurs stars, je pense que la situation s’améliore. Il ne faut pas oublier que la bande-dessinée est, avec la musique, le premier support artistique sur lequel les enfants se développent. La bande-dessinée est aussi le prolongement du dessin, première forme d’expression de l’enfance. Il y a ici, sans doute, l’une des réponses au rejet de certaines élites intelectuelles du monde de la bd. Certains considèrent que la BD appartient encore et encore à l’enfance….et pourtant !

On sait le monde de la BD sur-active. Entre productions grand public à destination de la "consommation" et livres moins "formatés". Comment faites vous vos choix dans ce marché contrasté ?

J.Ph L : Ce qui importe c’est le talent. Oui de grandes séries sont devenues médiocres, oui certains auteurs se répètent encore et encore. Mais, il ne faut surtout pas généraliser, car la bande-dessinée est un art compliqué qui demande beaucoup. Certains auteurs mettent plusieurs années à réaliser une bande-dessinée, en moyenne c’est une année pour un dessinateur. Ils méritent le respect. Quant à ma programmation, je la fais selon le vent qui se lève sur l’horizon, selon mon humeur et mes envies. Je m’emballe souvent très rapidement, j’ai des coups de foudre au quotidien et je suis capricieux. Donc quand je veux un auteur, je l’ai.

Voilà maintenant six années que vous pilotez et animez ce Monde de bulles. Quel regard portez-vous sur ce domaine éditorial aujourd’hui ?

J.Ph L : Nous sommes en plein âge d’or de la bande-dessinée, chaque année le 9e art gagne ses lettres de noblesse. Les plus grands auteurs, les plus créatifs, les génies sont là dans les librairies. A côté de ça beaucoup de parutions, sans doute trop, mais ceux qui hurlent sur ce marché devraient réfléchir. L’art quel qu’il soit est un business, les auteurs doivent vivre de leur travail, beaucoup d’entre eux gagnent peu mais ils sont édités, ils sont édités car d’autres vendent beaucoup, c’est ainsi.

Depuis la naissance d’un « Monde de Bulle » très peu de choses ont changé entre la BD et le média télé. Que pensez-vous de la réserve de la télévision face à la BD ?

J.Ph L : L’émission Un Monde de bulles est trop géniale pour être copiée... C’est la seule réponse valable que j’ai à vous donner avec un bon zeste d’humour !

Après un été sous le signe du Tour de France de la BD quel est le menu des prochaines émissions ?

J.Ph L : La rentrée sera sous le signe des poids lourds de la BD comme le nouveau "Spirou et Fantasio", le retour très attendu de "Blacksad" et "Joe Bar Team". Il y aura une spéciale Manga, avec les plus grands auteurs Japonais. Et bientôt une spéciale sur l’immigration en France. J’espère vous livrer aussi deux portraits rares, Moebius et gotlib !

Vous lancez, pour l’été, un concours qui permettra à un téléspectateur d’être sélectionné pour co-présenter une émission à vos côtés. Comment, nos lecteurs peuvent-ils participer ?

J.Ph L : Il suffit simplement de s’inscrire sur le site de l’émission ou de m’adresser un courrier à Public Sénat.

Un dernier mot ?

J.Ph L : J’adore répondre aux interviews, c’est le côte très égocentrique du présentateur de TV. Plus sérieusement, Vive la BD, vive l’art, vive la république !

Merci à vous pour ce "cri du coeur" et pour l'ensemble de cet entretien.

Voir l'émission :

Sur la chaîne Public Sénat (TNT) : Diffusion initiale le vendredi à 23h00. Rediffusions le samedi à 16h30 et le dimanche à 11h30.

Sur Internet : à visionner gratuitement et
directement sur le site de Public Sénat.

Parution initiale de l'article : 2 juillet 2010

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire