samedi 21 juillet 2012

Université d'été de la BD 2010: 9e art, marketing et vérités ?

Après avoir tenté d'apporter des définitions, les intervenants ont abordé la place des auteurs et les effets de cette nouvelle convergence des médias...


Université d'été de la BD 2010
© Cité internationale de la bande dessinée et de l'image
Après une première partie consacrée aux définitions du trans-média, cross-média et aux mécaniques des médias globaux , les intervenants se sont questionnés quant au positionnement du marché et des producteurs français (éditeurs, auteurs,etc) face à ces nouvelles stratégies marketing.

Quels impacts, la mise en réseau des différents médias, aura sur les modes de créations et les conditions de travail des auteurs ? En quoi, le trans-média pourrait-il influencer les contenus ? Le modèle économique traditionnel, basé sur le livre papier, devra-t-il bon gré, mal gré intégrer les nouvelles formes de médiations ?



La bande dessinée devra-t-elle choisir entre livre singulier ou écrans multiples ?

Le modèle américain, d'un média global axé autour des licences, démontre que les ressorts de la production de biens culturels, y sont de plus en plus assujettis aux nécessités de la rentabilité toute puissante. Télévisions, jeux vidéo et musiques s'inclinent, de plus en plus, devant la suprématie des licences, qui finissent par y orchestrer le marché, tout types de médias confondus.

Ce danger est-il réel ou plutôt propre à générer du flux, donc de la créativité ? Les pratiques françaises en matière de production (encore principalement axées sur le papier), semblent peu enclines à se faire une place dans ce schéma de média global. Alors que la dématérialisation des oeuvres du papier vers les écrans numériques, n'en est encore qu'à l'état d'ébauche, le 9e art hexagonal, est-il en mesure de choisir un positionnement clair dans le débat qui oppose écrans et licences contre production traditionnelle ?

Auteurs du 9e art : haut les coeurs ou haut-le-coeur ?

Les particularités des pratiques de la BD française expliqueraient-elles ce positionnement médian face au cross-média et au trans-média ? Modes de production encore souvent artisanaux, circuits de diffusion et distribution dominés par les mastodontes de l'édition, prix unique du livre et droits d'auteur quasi rigides : la bande dessinée française est-elle prête à négocier le séisme qui secoue, depuis une dizaine d'années déjà, le buisness des loisirs liés aux médias ?

La valse des licences imposerait : statut de salarié pour les auteurs, modes de production collective et délais réduits. Mais, les auteurs français ne semblent pas prêts à envisager leurs créations comme de simples "contenus", déclinables dès le départ pour des formats multiples : télé, jeux vidéo, animation,... tasse à café et tee-shirt compris, dans une forme de "névrose". "Névrose", que Lewis Trondheim lui-même, stigmatisa durant les débats. Et si, comme le propose Benoît Berthoux, on faisait du cross-média de qualité : jeux éducatifs, lecture interactive pour une cible plus âgée, pour éviter ainsi l'uniformisation des contenus, qui semble, menacer le marché global ? Piste à suivre ou voeu pieu ?

Bilan : L'allégorie du "Bougeois gentilhomme"

Ces trois jours de réflexions auront eu, principalement, l'avantage d'inciter la réflexion et le partage autour d'un thème rarement abordé ouvertement par les acteurs des marchés culturels. Le lien intime entre modes de production, statut des auteurs, qualité des oeuvres face aux questions de rentabilité et de marketing. Mais le mot "marketing" lui-même, sonnerait-il comme un mot grossier aux oreilles des professionnels de la BD française ?

Vulgaire ou pas, les producteurs de BD français utilisent déjà, pour certains, les outils du marketing par la diffusion de projets structurés sur les principes du "trans-média". Les Editions Ankama, créateur entre-autre du jeu "Dolfus", conçu sur les principes du trans-média, par exemple, viennent illustrer l'allégorie du "Bourgeois gentilhomme". Volontaires, planifiés ou effets d'expérimentations, les projets ouverts, anticipant très tôt les différentes formes et les multiples supports qui pourront l'accueillir (bien avant leur mise sur le marché), tendent à montrer leur intérêt.

Au final, la bande dessinée, depuis sa naissance, il y a un siècle, à rapidement pris en compte son environnement global et s'est distingué en se tenant à la croisée des différents genres (littérature, cinéma,..) et supports (livre, presse, publicité, animation..). Ce signe distinctif, qui la singularise dans le paysage de l'édition, semble plus vivant que jamais. La réponse, à la question sensible de son rapport aux concepts du marketing global, viendra certainement des deux acteurs, de la chaîne du livre, les moins représentés pendant ses Universités d'été : les auteurs et les lecteurs...

Lire ici la
1ère partie de l'article consacrée à l'Université d'été de la BD 2010


En savoir Plus

- La
synthèse de Julien Falgas

- Le Bilan de Thierry Lemaire sur ActuaBD

-Le point fait par
Sébastien Naeco (intervenant invité par La Cité) sur le Monde.fr

Dès la rentrée retrouvez les actes de l'université de la BD 2010 en ligne sur le site de la CIBDI


Parution initiale de l'article : le 12 août 2012

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire