dimanche 22 juillet 2012

Olivier G.Boiscommun, les vertiges de la bande dessinée

Qui est O. Boiscommun? Découvrez un auteur qui allie maîtrise du trait, technique narrative, poésie du verbe et art des couleurs. Du parcours à l'actualité.

Olivier G.Boiscommun
l'auteur en dédicace
© O. G.Boiscommun - DR
Auteur de bande dessinée, Olivier G.Boiscommun confirme avec son dernier titre "La Cité de l'arche"(1), qu'il est un auteur complet, capable de porter scénario, dessin et couleur. De la série "Troll", qu'il co-signe avec les prolifiques Joann Sfar et Jean-David Morvan, à "Pietrolino" avec le charismatique Alejandro Jodorowsky, découvrez l'homme derrière l'artiste.

Mais qui est vraiment ce talent du 9e art et comment a-t-il émergé ? Comment nourrit-il son inspiration et sa bibliographie contrastée entre poésie, action et humour ?

Un homme, gâté des dieux...

Il est des êtres qui rendraient envieux les plus philosophes d'entre nous. Sensibles, talentueux, intelligents, et comme pour finir de vous irriter, ils sont parfois dotés des canons de la beauté classique. Olivier Boicommun est de ces êtres rares, qui

dépriment les moins névrosés des observateurs. Et pour vous désespérer totalement, il a la gentillesse naturelle de ceux qui devront, leur vie entière, s'excuser d'avoir ainsi été gâté des dieux...

Rencontré récemment, pour les besoins d'un long entretien au sujet du lancement de son dernier cycle "La Cîté de l'Arche", c'est l'occasion de revenir sur le parcours d'un des auteurs, qui va



certainement compter de plus en plus dans la bulle BD. Sa bibliographie laisse présager, au regard de ses évolutions successives, que le meilleur est encore à venir...

De Corvisart aux Beaux Arts d'Angoulême : le bonheur d'apprendre

Né le 19 mars 1971 à Neuilly-sur-Seine, Olivier est attiré très tôt par les arts. Cinéma, livres ou musiques, c'est dès l'enfance qu'il découvre qu'il veut "raconter" des histoires. Ses prédispositions naturelles pour le dessin, lui font choisir la voie des arts graphiques. Il intègre, dès le second cycle, les cours du lycée d'Arts Graphiques de Corvisart à Paris, puis continue dans les salles des Beaux Arts d'Orléans. En 1993, après une courte incursion dans le monde professionnel, il entre directement en seconde année à l'Ecole des Beaux Arts d'Angoulême.

Sa carrière ne tardera pas à démarrer. Il réalise, la même année, un récit de cinq pages ("Renaissance") pour la 3e édition du recueil collectif "Les enfants du Nil". En 1994, il participe, pour la société Story, à la réalisation d'un dessin animé "Bamboo Bears". La même année "Joe" est édité aux éditions Le Cycliste.

1996 : la reconnaissance avec la série "Troll"

Les Editions Delcourt ne tardent pas à lui proposer de mettre en case la Série "Troll" (ed. Delcourt), sur un scénario de Joann Sfar et Jean-David Morvan, dont le premier tome paraît en 1996. Son dessin énergique et fluide, combiné à l'humour mordant du duo de scénaristes, feront le succès de cette série décalée. Il assure sur les trois premiers volumes illustrations et couleurs directes. S'appuyant sur les ocres, les rouges et les verts, il imprime grâce à sa palette chaude et contrastée, une lumière singulière.

Son style graphique s'affirme encore plus dans les pages de "Halloween", titre solo édité une première fois en 1998 chez le Cycliste. Traitant du thème de l'acceptation de la mort et de la vie à travers l'histoire d'une petite fille qui vient de perdre son frère, l'auteur avec une poésie baroque et abstraite, y montre la maturité d'un style qui devient sa véritable empreinte artistique.

L'affirmation d'un style graphique singulier

Attentif et généreux, il semble que l'homme prête ses qualités à l'artiste. Et comme pour contredire le manichéisme des concepts du laid et du beau, qui paraissent lui être étrangers, l'illustrateur n'a de cesse de dessiner des personnages aux visages lunaires et tout en longueur, auxquels on ne peut appliquer l'équation esthétique binaire.

Ses planches s'épurent et offrent de moins en moins de cases,comme pour donner en force au découpage par la narration figurative. Les illustrations en pleine page, se multiplient et favorisent la respiration du récit. Mais elles deviennent aussi de grandes trappes ouvertes pour happer le lecteur dans son univers. Les paysages urbains ou semi-urbains, donnent une grande place aux éléments architecturaux. Les plongées et les contre-plongées se multiplient et amorcent perspective et vertiges des volumes.

Un trait qui en dit long...

Bâtiments ciselés jusqu'aux moindres détails, force des lignes verticales et omniprésence des matériaux (pierres, bois, métal...), s'opposent au traitement, presque désarticulé, des personnages qui se trouvent écrasés par les décors. Les bouches pincées (citées par nombre d'observateurs) deviennent, elles aussi, une marque de fabrique.

Mais c'est sans compter les arabesques baroques des chevelures, des drapés et la théâtralisation des corps, qui finissent de poser une symbolique de l'homme pantomime de lui-même. Entre critique et vision acerbe d'une société où l'homme tente d'échapper à sa condition, Olivier Boiscommun, distille dans son dessin même, ses thématiques de prédilection.

Son actualité ? La "Cité de l'Arche" (éd. Drugstore), une série entre SF et anticipation, qui est peut être plus encore que ces titres précédents, riche de toutes les singularités de cet auteur hanté par des thèmes universels : la vie, la mort, la liberté, l'amour, la lutte... Mais qu'il sait rendre si particuliers sous sa plume. Le tome 2 prévu pour avril 2011, promet déjà d'être dans cette lignée.


En savoir plus :

Retrouvez ici la première partie d'un entretien avec O. G.Boiscommun







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