mercredi 25 juillet 2012

Olivier G.Boiscommun, une mesure de bande-dessinée

Avec la sortie de "La Cité de l'Arche", Olivier G.Boiscommun signe une série prometteuse. Entre maturité artistique et humaine, découvrez un auteur à part..


Olivier G. Boiscommun (Sénariste /illustrateur)
© O. G.Boiscommun - DR
Entretien avec l'auteur (scénariste, illustrateur et coloriste) de bande dessinée : Olivier G.Boiscommun

BD : Enfant vous avez éprouvé un vrai coup de foudre pour la BD. Du rêve d’enfant à la réalité professionnelle, il y aura l’Ecole Corvisart à Paris et les Beaux Arts d’Angoulême. Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas dans le monde du 9e art...

A l'école Corvisart à Paris, j'ai eu la chance de recevoir les cours de professeurs passionnés et passionnants. Ils étaient là pour transmettre, non pour se valoriser, mais nous donner leurs savoirs et uniquement pour cela. Aucune question d'ego ne rentrait alors en compte, chacun




partageait sans réserve tout ce qu'il avait à donner et recevait de la même manière, professeur comme étudiant.

Ils m'ont transmis l'essentiel de ce qui peut s'apprendre, la curiosité, la remise en question, la rigueur, la précision, l'exigence, la générosité. Tout ce qui permet à un artiste de se construire une personnalité à force de travail et de persévérance. Ils ne nous apprenaient pas à
faire ce que eux savaient faire, mais nous guidaient vers la voie qui était la notre. La bande dessinée et le dessin, comme toute activité créative, peuvent être vécus comme une profession de foi. La passion était déjà en moi, mais ils ont su me prouver qu'il n'était pas inutile de croire et surtout que je ne m'étais pas trompé de chemin.

Cette foi qu'ils ont su me donner, a été déterminante par la suite, car depuis beaucoup ont essayé de me persuader du contraire et tenté de me décourager. J'ai vécu mes débuts dans le monde du neuvième art comme la continuité d'un travail que j'ai débuté très tôt, et tout à fait conscient que cela n'était qu'une étape d'un parcours que j'espérais long et riche.

BD : Vous dites aimer "raconter des histoires", pourquoi avoir choisi de le faire dans le format BD ? Pourquoi pas le roman, le cinéma ou le théâtre ?

Raconter des histoires est effectivement important pour moi. J'ai besoin d'investir des mondes des personnages vivre avec eux, tenter de comprendre quelles sont leurs motivations, la manière dont ils ressentent les évènements. Bref, faire un voyage avec eux et partager leur quotidien. Le support importe peu, chacun offre des possibilités différentes et ils sont tous intéressants. Les outils changent, mais l'objectif reste le même, comment s'y prendre pour raconter l'histoire de l'écriture à la mise en scène. Je me suis dirigé vers la bande dessinée car j'avais déjà à l'époque pris de l'avance avec la pratique du dessin. Mais j'ai également écrit des nouvelles et adorerais aborder la narration par le biais de la réalisation cinématographique.

BD : Très vite vous avez enchaîné les projets en solo ("Histoire de Joe" et "Halloween"), puis les collaborations ("Troll", "Pietrolino", "Anges", "Le livre de Jack"). Avez vous pu, très tôt, vous consacrer exclusivement à la BD ?

Lorsque j'ai débuté dans la bande dessinée, j'ai fait le choix, quoi qu'il en coute, de ne vivre que de cette ressource. J'ai donc travaillé très dur et ai mangé de la vache maigre pendant de longues années. Mais la bande dessiné était trop importante pour moi pour la faire en dilettante. Il était essentiel si je devais exercer ce métier, de pouvoir m'y consacrer exclusivement et lui donner tout ce que j'avais à donner.

BD : Né en région parisienne, vous avez passé une partie de votre enfance sur la côté d’azur, fait vos études à Paris puis à Orléans et aujourd’hui vous vivez en Bretagne en pleine campagne. Cette vie, quelque peu nomade, est-elle à l’origine de votre manière d’appréhender les lieux, les décors, les paysages avec minutie ? Les personnages étant, en contraste, souvent moins réalistes…

J'ai beaucoup profité de l'avantage que me procure cette activité pour aller où le vent me portait. Cette vie de nomade, ces errances m'ont permis également de préciser mes goûts, mes choix, de préciser quelle était ma nature profonde. La vie que je mène aujourd'hui est à l'image de ce que je suis et de mes besoins.

Vivre au fin fond de la Bretagne, au coeur de la nature entouré d'animaux me permet de ne pas me perdre, de ne pas oublier ma condition d'humain, simple maillon de cette chaine qui fait que la vie existe. Il est si difficile de ne pas perdre la conscience de cette réalité lorsque l'on est immergé au sein d'une société qui vous oblige à rentrer dans des rapports féroces de force et de pouvoir, juste pour gagner le droit d'exister, d'être là et d'y avoir sa place. Il est si difficile de rester conscient, lucide, lorsque les journées ne nous laissent plus une minute pour se reposer, faire le vide et se retrouver.

Ici l'homme est constamment en contact avec les éléments, le ciel est vivant, changeant, les tempêtes et les intempéries nous rappellent sans cesse notre fragilité, on sait où en est la nature, si le printemps approche ou si il a du retard. Les anciens connaissent toutes les recettes ancestrales qui permettent de savoir si il va pleuvoir, geler, ou faire beau et quelles en seront les conséquences sur les éléments vivants qui nous entourent et nous nourrissent. Nous perdons progressivement ces savoirs et cette conscience. Cela n'annonce pas de bonnes choses.

Lire tout l'entretien avec Olivier G.Boiscommun :

2e partie :
deux mesures d'inspiration


3e partie : trois mesures de techniques

4e partie : quatre mesures d'éléments narratifs

5e partie : cinq mesures de talent

Lire la Chronique de "La Cité de L'Arche" - Drugstore - Boiscommun 2010

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire